Pratiques commerciales abusives sur le marché de la rénovation énergétique
Dans une nouvelle étude, l’UFC-Que Choisir pointe du doigt les abus liés au démarchage dans le cadre de travaux de rénovation énergétique.
Les associations locales de l’UFC-Que Choisir ont traité 871 litiges depuis 2007 liés à des pratiques « nocives » de professionnels dans le cadre de travaux de rénovation énergétique. Le montant total des préjudices s’évaluerait à 17,3 millions d’euros, entre 2007 et 2017. Soit environ 20 000 € par consommateur.
Selon l’UFC qui consacre une nouvelle étude sur ce sujet, il s’agit de manœuvres nocives de certains professionnels, qui ciblent notamment les consommateurs les plus vulnérables. Concrètement, ces comportements peuvent prendre diverses formes. Des ventes agressives et trompeuses, la dissimulation des conditions de rétractation, des bons de commande antidatés, des documents engageants sous un faux prétexte… Ou encore des manques de garanties quant aux performances énergétiques des travaux, ainsi que d’informations sur les conditions d’accès à certaines aides financières comme le crédit d’impôt etc.
L’étude dénonce d’ailleurs certains établissements bancaires qui contribuent à ces dérives selon l’UFC-Que Choisir. Notamment en raison de partenariats avec certains démarcheurs, au financement de certaines sociétés, au manque de contrôle… « Dans près de 40% des dossiers analysés, les emprunteurs auraient pu bénéficier du dispositif de l’éco-prêt à taux zéro, moins coûteux et plus protecteur pour les consommateurs, l’étude constate que le financement des travaux souscrits a été réalisé par le biais de crédits à la consommation classiques ouvrant la porte à toutes les dérives », précise le communiqué.
L’organisme de qualification Qualibat se dit préoccupé
Des pratiques qui « menacent de plomber les ambitions environnementales du pays et le portefeuille des Français », considère l’UFC.
Tous deux interrogés par Batiactu, Alain Maugard, le co-animateur du Plan de Rénovation énergétique des bâtiments, et Eric Jost, le directeur général de Qualibat, déclarent vouloir écarter les délinquants qui salissent toute la profession.
« Nous sommes très préoccupés, il faut faire la chasse à ces entreprises. Mais pour pouvoir agir, il faut des plaintes, et pas juste des litiges auprès de l’UFC-Que Choisir. Nous essayons d’avoir des informations auprès des délégations départementales, mais c’est compliqué », avoue Alain Maugard.
Comme l’UFC-Que Choisir, Qualibat note en effet que le phénomène est en hausse puisque de 90 signalements par an en 2016, le nombre de cas est passé à 150 en 2017. Pour Eric Jost, le renforcement du dispositif RGE passe par une meilleure connaissance des entreprises candidates, notamment en examinant leurs bons de commandes, leurs factures et en vérifiant leurs pratiques commerciales, est nécessaire.